Une filière pour les déchets métalliques TFA
Que faire des déchets métalliques de très faible activité, issus des zones d’activité nucléaire ? Jusqu’à présent, ces déchets TFA, qu’ils soient très faiblement radioactifs (activité moyenne autour de 10 000 Bq par kilo, proche de la radioactivité naturelle) ou pas du tout, finissent en stockage définitif.
L’Andra dans un rapport d’activité de 2012, a évalué sur la période 2012-2041, la production de déchets métalliques TFA (principalement de l’acier) à environ 10 000 tonnes par an. Avec les futurs programmes de démantèlement d’installations nucléaires françaises (par exemple 160 000 tonnes à démanteler à partir de 2020 sur l’usine Georges Besse I d’Eurodif, exploitée par Areva) et l’arrivée à saturation des capacités de stockage du Cires à l’horizon 2030 (source PNGMDR*), une réflexion des principaux acteurs est née. En liaison avec Areva, le CEA et EDF, des travaux seront présentés avant la fin de l’année pour évaluer les modalités de création d’une filière de valorisation de ces déchets. Le constat du très faible impact radiologique associé à la manipulation des déchets TFA a conduit les producteurs de déchets à proposer de nouvelles pistes. L’idée envisagée serait d’utiliser par exemple ces déchets métalliques une fois fondus, dans de nouveaux projets d’installations nucléaires ou dans la fabrication des colis de déchets en vue de leur stockage, plus compacts que le béton. Car l’absence de seuil de libération dans la réglementation française (la seule au monde) n’autorise pas de recycler ce type de déchets en dehors de la filière nucléaire. Contrairement à d’autres pays européens comme l’Allemagne ou la Suède qui disposent de deux fonderies dédiées à un recyclage hors nucléaire. Cette contrainte pourrait être regrettable selon le groupe de travail de la Cligeet** : « sous prétexte qu’il y a eu des négligences et des abus dans ce domaine dans le passé, l’ASN s’interdit aujourd’hui toute ouverture dans ce sens. Pourtant, ces déchets TFA passés en fonderie sont éliminés de toute trace de radioactivité. Les métaux pourraient tout à fait prendre le chemin de la sidérurgie, explique Christophe Vallat de la Cligeet. D’autant plus que dans le flux, certains déchets ne sont même pas contaminés ». Autre facteur qui ne joue pas en faveur du changement : le coût de traitement. Selon Bruno Cahen, directeur industriel de l’Andra, cette réflexion doit aussi porter sur l’impact économique : « sachant que la France dispose d’un coût de stockage dix fois moins cher que celui pratiqué en Allemagne par exemple, on n’a pas cherché jusqu’à présent d’autre solution de traitement ». Autre sujet à polémique, l’emplacement d’une nouvelle fonderie envisagée dans le cadre d’une valorisation des déchets métalliques. Où la mettre ? Trois solutions sont possibles selon l’Andra : sur l’ancienne unité de fusion de l’usine Centraco à Marcoule, sur le site à démanteler d’Eurodif pour limiter le transport ou bien près du lieu de consommation, à savoir proche du Cires (Aube), entre la Meuse et la Haute-Marne, territoire accessible par voie fluviale et ferroviaire et à forte tradition de forge et de fonderie. « Nous ne transigerons jamais sur la sécurité et la santé. Mais pourquoi ne pas faire du Tricastin un territoire -pilote où des solutions seraient imaginées sur la valorisation de ces matériaux ? » avait déclaré le 21 juin 2012 Didier Guillaume, président de la Cligeet lors d’une séance plénière où le collège des syndicats avait présenté l’idée de recycler ces aciers.
* Plan national de gestion des matières et des déchets radioactifs
** Commission locale d’information des grands équipements énergétiques du Tricastin