Un supporter français qui part des plaines de la Beauce pour assister à des matchs sur les hauts plateaux brésiliens encaisse des doses de radioactivité dix fois supérieures. Cela n’affecte pas son enthousiasme…
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Aucun commentateur, à notre connaissance, ne l’a noté, encore moins écrit : le « Mundial » de foot au Brésil se déroule dans un environnement particulièrement radioactif !
Le constat est d’autant plus spectaculaire que les niveaux de doses enregistrés dans certaines zones du pays dépassent les expositions moyennes mesurées dans certains des territoires évacués suite à l’accident de Fukushima ! Mais au Brésil, il s’agit, précisons-le bien, de radioactivité naturelle, le pays étant, avec l’Inde et l’Iran, un des trois grands territoires de la planète où le rayonnement radioactif est le plus intense comparativement aux niveaux enregistrés ailleurs.
Dans la région des plateaux, qui représente environ la moitié de la superficie du Brésil – et où se trouvent plusieurs des stades accueillant les matches du Mundial – la radioactivité naturelle moyenne est de l’ordre de 10 millisieverts par an (mSv/an); un niveau de dose qui correspond en France à la valeur-guide pouvant appeler, en situation accidentelle, à l’éloignement des populations des zones contaminées. Au-delà de 50 mSv, c’est l’évacuation d’urgence qui doit être en principe décidée.
En fait, il n’est pas rare de trouver dans cette région des plateaux brésiliens des évaluations de dose de plusieurs dizaines de mSv, l’éventail se situant entre 10 et 50 mSv. Il s’agit là de niveaux particulièrement élevés comparés au niveau moyen de la radioactivité naturelle dans le monde qui est de 2,5 mSv.
Pour le supporter français, des doses dix fois plus fortes
Cette observation vient rappeler que la radioactivité est une composante naturelle fondamentale de l’environnement terrestre. Elle est plus ou moins forte selon les régions : d’environ 0,5 mSv en Beauce, de 4mSv en Bretagne, de 15 mSv, voire plus dans le Kerala, en Inde?
S’il se trouve parmi les lecteurs de cet article un Parisien parti supporter l’équipe de France lors de ce Mundial, qu’il sache qu’il a évolué dans un environnement où l’exposition à la radioactivité est à peu près 10 fois supérieure, en moyenne, à celle ayant cours en Ile-de-France. Et s’il est allé se détendre sur une plage du littoral, quelque part entre Rio et Salvador da Bahia, qu’il se souvienne que le sable qu’il a foulé est parmi les plus radioactifs du monde, certaines plages, comme celle de Guarapari par exemple affichant des niveaux de 100 à 150 mSv/an ! Une radioactivité (précisons-le encore : naturelle) du même ordre que celle mesurée à Fukushima, quelques jours après l’accident, à 1 km de la centrale !
Radioactivité artificielle ou radioactivité naturelle, les deux se confondent : elles sont de même nature et ont les mêmes effets. Parmi les populations exposées à une radioactivité naturelle élevée, comme au Brésil ou en Inde, aucune enquête n’a mis en évidence des excès de cancers ou de leucémies. De même il n’apparaît pas que les habitants de la Bretagne ou du Limousin aient davantage à souffrir des effets de la radioactivité que ceux de la région parisienne bien qu’ils soient exposés à des doses naturelles dix fois supérieures, de l’ordre de 4 à 6 mSv/an.
Les limites réglementaires ne sont pas des risques sanitaires
En fait c’est bien au-delà de ces niveaux de doses que l’on peut commencer à mesurer l’impact et les effets sanitaires de la radioactivité. Comme le soulignait le professeur Maurice Tubiana (dans Le nucléaire et la planète) : « les données biologiques confirment les données expérimentales et épidémiologiques qui ne décèlent pas d’effet nocif pour les doses de radioactivité inférieures à environ une centaine de millisieverts ».
On mesure bien, dès lors que les limites réglementaires de doses admissibles, fixées par les autorités dans le cadre de la politique de radioprotection, ne sont pas des seuils de danger : 1 mSv/an pour le public est un niveau bas qui ne doit pas être confondu – comme trop souvent – avec une dose entraînant un risque sanitaire. Et l’on peut tenir un raisonnement du même ordre à propos de la limite de 20mSv/an fixée pour les travailleurs du secteur nucléaire. Quant aux doses délivrées par les centrales nucléaires, qui se mesurent en dixièmes voire en centièmes de mSv/an elles confirment le constat d’évidence que les installations nucléaires correctement exploitées ne sont pas un problème de santé publique.
Pour en revenir à notre supporter des Bleus, en supposant cette fois qu’il habite à proximité immédiate d’une centrale nucléaire en France, on peut établir que ce voisinage l’expose à 100 fois moins de radioactivité en un an qu’un mois de séjour sur les plateaux brésilien à applaudir aux prestations de son équipe favorite.
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