Deux pays, une avancée technologique
[...]Poussée par le désir de diminuer la surexposition de ces patients aux rayons X, une équipe de recherche franco-québécoise se forme au milieu des années 1990 : le LIO au Québec; le Laboratoire de biomécanique de l’école Arts et métiers ParisTech (dirigé par la Pr Wafa Skalli) et la société Biospace Med en France. L’équipe se lance dans le développement d’algorithmes permettant une reconstruction complète de la colonne vertébrale, du bassin et des membres inférieurs en 3D, par ordinateur, à partir de seulement deux images 2D.
De son côté, le scientifique français, Georges Charpak, parvient à la détection très sensible des particules fines, découverte qui lui vaut, en 1992, le prix Nobel de physique. En jumelant les algorithmes de traitement d’images et de reconstruction 3D à la détection sensible, les chercheurs créent le premier système de radiologie biplan à faible dose de radiation, baptisé EOS.
Dès 2002, un premier prototype EOS est installé à l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul de Paris où on entreprend des essais avec des patients. À des fins de développement et d’expérimentation, l’équipe de recherche de Jacques de Guise acquiert trois prototypes EOS grâce à une subvention de la Fondation canadienne pour l’innovation. Un prototype d’essai est d’abord installé à l’ÉTS et, en 2006, deux prototypes cliniques, soit un à l’hôpital Notre-Dame du CHUM et un au CHU Sainte-Justine. Une première en Amérique du Nord.
Les accréditations de Santé Canada et de la US Food and Drug Administration ont été obtenues en 2007 : EOS III est donc homologué commercial. Depuis, il a été vendu, par la compagnie française Biospace Med, à deux hôpitaux canadiens, Sainte-Justine et l’Hospital for Sick Children de Toronto, à au moins sept hôpitaux en Europe, tandis qu’aux États-Unis, un premier système a été installé au New Jersey. Le potentiel d’EOS est énorme en orthopédie. Il permet d’obtenir une image complète du squelette (de la tête aux pieds) en 3D, à partir de seulement deux images radiographiques (face et profil) prises simultanément. Comme le patient est debout, l’image intègre l’influence de la gravité sur les structures osseuses. Également, la dose de radiation reçue par un patient est réduite de 100 à 500 fois comparativement au scanner! « En plus des économies d’images, de temps et de radiations, EOS représente une économie de 50% par rapport au coût d’un tomodensitomètre » souligne Jacques de Guise, tout en rappelant qu’EOS III ne remplace pas cette technologie, mais lui est complémentaire.
En s’inspirant des bénéfices apportés aux patients scoliotiques, les chercheurs travaillent déjà à étendre l’application d’EOS à la radiographie des membres supérieurs, du crâne et au dépistage du cancer des os. Voilà donc une technologie franco-québécoise à l’avenir fort prometteur!