La Drôme mise en alerte pour un faux accident nucléaire au Tricastin
Une simulation grandeur nature d’accident chimique autour du site nucléaire du Tricastin a agité mardi la tranquille Drôme provençale, quelque 600 pompiers, gendarmes, secouristes et infirmiers s’efforçant de faire « comme si c’était vrai ».
Non loin de là, c’est déjà la Provence, avec ses champs où la lavande vient tout juste d’être coupée. Mais l’exercice commence dans un décor plus austère, sur le site d’enrichissement d’uranium d’Areva, attenant à la centrale du Tricastin, exploitée par EDF. Une fausse fuite a théoriquement fait quinze blessés graves parmi les ouvriers.
Michel Carlès, médecin du travail, explique que lors de tels accidents, « ce sont surtout les brûlures de l’appareil respiratoire qui sont à craindre ».
D’abord transportés sur un poste de secours installé rapidement sur place pour les soins urgents, les blessés sont transférés à quelques kilomètres, dans un poste médical avancé équipé notamment d’une salle de décontamination.
Pendant ce temps, des spécialistes munis de compteurs Geiger mesurent la décontamination progressive du lieu de l’accident.
Le directeur du site, Frédéric de Agostini, détaille l’exercice: l’alerte a été donnée vers 09H20, et la fausse fuite, simulée pour l’occasion par des fumigènes, « a été stoppée vers 10H00″.
Pour lui, cet exercice, le deuxième organisé depuis le début de l’année, c’est presque de la routine. Mais cette fois-ci, il a pour particularité de se prolonger en dehors du site, auprès des civils, une simulation bien plus rare.
Mardi, la préfecture de la Drôme a ainsi décidé d’installer autour du site, sur un périmètre de sécurité de 3,5 km, des points de contrôle de gendarmerie, avec forces de l’ordre en tenue et masques antiradiation.
Non loin de là, dans la petite ville de Saint-Paul-Trois-Châteaux, la « Cité 3″ étale ses petits pavillons style années 60. Normalement, en début d’alerte, on aurait dû y entendre les hurlements des sirènes. « Mais le vent est au nord, alors c’est quasiment inaudible », explique une habitante, Elsa Specel.
« Heureusement que c’est une simulation: je viens juste d’amener mes enfants à l’école », ajoute-t-elle, alors qu’une camionnette de pompiers égrène en boucle dans un haut-parleur grésillant « Ceci est un exercice. Restez chez vous et informez vous sur la télévision et la radio ».
Elsa Specel sait ce qu’il faut faire en cas de « vrai » accident: « tout fermer et rester confiné, prendre des pastilles d’iode en cas de radiations et évacuer si l’ordre en est donné ».
A l’école élémentaire de Saint-Paul-Trois-Châteaux, pour les enfants, c’est un jour « pas pareil ». Tous sont confinés dans les locaux en raison de l’alerte, mais ils participent joyeusement à l’opération: Adel, Kevin, Rayan et quelques autres ont dessiné et colorié… le site du Tricastin, avec ses deux énormes cheminées fumantes.
A l’hôpital de Montélimar, à une vingtaine de kilomètres au nord, le personnel se prépare à accueillir les 15 faux blessés du Tricastin, plus cinq occupants d’une voiture, dont un octogénaire, supposés avoir traversé un nuage toxique fictif.
Problème: ces promeneurs n’ont pas été décontaminés par Areva, et l’hôpital doit en tenir compte. Il lui faut donc, le temps de l’alerte, fermer complètement ses portes.