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28 septembre, 2010

Un rapport de l’OCDE sur le risque nucléaire

Classé dans : Info — deedoff @ 10:21

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L’Agence pour l’énergie nucléaire de l’OCDE vient de publier un rapport sur le risque nucléaire. Plus exactement une «évaluation» des risques d’accident des centrales électro-nucléaires comparé à celui des autres «filières énergétiques». Ces dernières étant réduites au charbon, au gaz, au pétrole et aux barrages hydro-électriques. (photo Centrale nucléaire de Penly)

Conçu surtout pour «les responsables des politiques énergétique», il représente donc ce que la techno-structure nucléaire propose à nos gouvernements ou députés pour choisir une politique énergétique. Plus exactement, selon ses termes, il s’agit «d’aider les décideurs à comprendre comment les risques d’accidents sont gérés dans les centrales nucléaires» et d’ «une analye rationnelle de la sûreté relative de diverses filières énergétiques.»  Pas vraiment destiné aux citoyens, ni même aux journalistes, il utilise donc un langage direct, voire brutal. On peut le résumer ainsi : ok, le nucléaire peut faire des morts… mais moins que les alternatives. Le rapport est diponible ici en français.

 

Laissons de côté l’exposé des principes de la sûreté nucléaire dans les centrales et les fameuses «études probabilistes de sûreté» censées calculer le risque de survenue d’un accident. Glissons rapidement sur les indicateurs de performance de la sûreté (les arrêts automatiques de réacteurs ont été divisés par trois pour 7 000 heures de fonctionnement depuis 1990). Passons sur les expositions aux radiations ionisantes passées et actuelles des personnels (divisées par trois entre 1992 et 2006 dans les centrales françaises)… et allons à l’essentiel de l’argumentaire : les morts.

Le rapport ne tourne pas autour du pot, et opère par une comparaison sommaire du nombre de morts provoqués par les différentes filières entre 1969 et 2000, à l’échelle mondiale (sauf pour le charbon chinois où les statistiques ne débutent qu’en 1994 et se terminent en 1999). Des morts comptés pour chaque «accident grave», soit au moins cinq morts immédiates. Conclusion : «les risques nucléaires sont souvent très inférieurs à ceux des autres industries.»

Selon ce rapport, les chiffres – ils proviennent d’une base de données créée par l’Institut Paul Scherrer en Suisse – plus de 80 000 morts sont survenues à la suite de 1870 accidents sur cette période (lire aussi ici). Un seul, la rupture d’un barrage en Chine (Banqiao-Shimantan en 1975), compte pour près de 30 000 personnes. Le charbon aurait fait 18 000 morts, dont 11 000 en Chine entre 1994 et 1999). Le pétrole plus de 16 000 morts. le gaz plus de 1000, le GPL plus de 2000… et le nucléaire 31.

Ces chiffres ne tiennent compte que des morts « immédiats »… objecte t-on aussitôt. Sont-ils utiles à la réflexion ?

La réponse suppose que l’on tente de mesurer les morts « totaux ». Et là, difficile, et pas seulement pour le nucléaire. Est-on vraiment certains que les centaines de milliers de morts des guerres d’Irak, en 1991 et 2003 et leurs suites n’ont vraiment rien à voir avec le pétrole et le gaz ? Comment compter les décès prématurés dus à la pollution atmosphérique provoquée par l’usage du charbon et du pétrole, censés être beaucoup plus nombreux que ceux dûs aux accidents ?

En tous cas, pour le nucléaire, le rapport annonce une fourchette de 9.000 à 33.000 d’ici 70 ans comme conséquence de Tchernobyl. Enorme ? Pas pour le rapport qui raisonne en nombre de morts par GWe/an…  et souligne que si on applique le même mode de calcul à la radioactivité naturelle, cette dernière devrait être jugée responsable d’un nombre de décès 1.500 fois plus élevé.

Une telle approche est-elle susceptible de nourrir un débat public ou des décisions de politique énergétique ? C’est peu probable tant les perceptions du risque (voir les analyses sociologiques du sujet) sont assez peu sensibles à ce genre de calcul. Sans parler du mode de décision politique… après tout Lionel Jospin a stoppé Superphénix uniquement pour obtenir la participation des Verts et de Dominique Voynet à son gouvernement. En tous cas, il est possible d’affiner considérablement la présentation faite de l’accident de Tchernobyl en consultant ce rapport de l’IRSN.

Les chapitres sur les conséquences sanitaires et la mortalité permettent de mieux s’informer qu’à la lecture du rapport de l’AEN. Les partisans du recours à l’énergie nucléaire comme ses opposants y trouveront des arguments et des chiffres nettement plus précis que ceux de l’AEN. La plupart des internautes seront surpris, par exemple, de ces chiffres qui concernent les personnes qui ont subi les irradiations les plus fortes (Gy signifie Gray) : «chez ces premiers intervenants, 237 furent hospitalisés. Un syndrome d’irradiation aiguë a été confirmé chez 134 de ces intervenants. Pour 41 d’entre eux, les doses étaient inférieures à 2,1 Gy ; pour les 93 autres, les doses étaient supérieures et ce jusqu’à 16 Gy pour certains. Dans les quatre mois qui ont suivi l’accident, 28 d’entre eux sont décédés. Dans la période 1987-2004, 17 autres intervenants sont décédés des séquelles de leur syndrome, dont 10 avant 1997, 4 avant 2000 et 3 jusqu’en 2004

Surpris aussi par cette étude récente portant sur un nombre conséquent de « liquidateurs » : «Une analyse récente de la mortalité des liquidateurs estoniens et lettons a été effectuée sur plus de 10.000 individus [Rahu et al 2006]. Les auteurs notaient un niveau élevé de mortalité par leucémies, mais ce résultat était basé seulement sur 7 décès, et non statistiquement significatif.» A l’inverse, on s’étonnera que le texte de l’IRSN ne soulève aucunement le problème des décès ou maladies provoquées par les effets non radioactifs de l’accident (déplacement massif de populations, stress, effets psycho-sociaux).

 

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